mercredi, décembre 14, 2016

Homecoming week

So it was homecoming week. Pour célébrer l'école et l'esprit qui nous unit tous, profs comme élèves tombent l'uniforme pour adopter un thème vestimentaire différent chaque jour : années 70, super-héros, tenue de nuit... La participation n'est pas obligatoire, mais plusieurs collègues masculins sont tellement contents d'abandonner la cravate qu'ils viendraient en slip de bain s'il le fallait. L'ambiance est joyeuse, colorée. Ca occasionne évidemment des situations assez cocasses. Qui ne s'est jamais retrouvé en kimono à fleurs à aider un gosse de cinquième en pyjama à travailler sur les pronoms, celui-là ne sait pas ce que c'est qu'enseigner. Et mon cher N. a fait tous ses conseils de classe avec un déguisement différent : hippie, superhéros, basketteur... 

Le plus fort, c'est que rien de tout cela ne perturbe les cours. Les gamins ont l'habitude, ça les fait sourire, mais on est là pour bosser. Et puis il y a le prix : à chaque chouette costume, à chaque participation à la décoration d'une salle ou à un tournoi sportif, les élèves gagnent un jeton. A la fin de la semaine, la classe qui a le plus de jetons gagne une journée de desserts gratuits à un food truck local. Il faut savoir que chaque récompense scolaire consiste en gros à distribuer de la bouffe à l'oeil, ce qui choque beaucoup les Français. Il y a quelque chose de stupéfiant dans ce manque d'imagination, ainsi que dans cet aveuglement diététique, nous qui vivons dans le 10e état de l'Union en termes d'obésité (32,4% de la population, quand même).

Le vendredi, on nous avait prévenus qu'il y avait un show à l'américaine, et que c'était à voir, au moins une fois. On n'a pas été déçus : le millier d'élèves que compte l'école était là, de la maternelle au bac, assis dans un gymnase, agitant des pompons dorés et chauffé à blanc par l'excitation. Un lycéen particulièrement intrépide (que nous envions, nous autres Français, cette aisance des Américains à parler en public !) a fait l'animation pendant une heure. On a applaudi les basketteurs et les footballeuses, assisté à un petit spectacle des danseuses, à un concert du jazz band puis de l'orchestre et surtout hurlé « yeah » à chaque fois que l'animateur nous demandait si on était là. Pour finir, des cheerleaders court vêtues ont effectué une petite chorégraphie et utilisé des canons à paillettes, qui sont gracieusement retombées sur la foule en délire. J'étais assez contente de ne pas avoir cours juste après, parce que ramener des cinquièmes à l'étude du roman de chevalerie après ça...


C'est une des grandes forces des écoles et universités américaines, a fortiori privées, cet esprit de communauté, d'appartenance à un groupe éducatif qui inclut parents, personnels, et parfois très anciens élèves. C'est probablement logique, dans un territoire si énorme, où la solidarité nationale ou d'état ne signifie pas grand-chose : on se rabat sur l'identité au sein de l'entreprise, de l'église, de l'école. Les adultes flairent le piège, y voient tout de suite le sceau département Relations Publiques qui cherche à vendre une scolarité chez nous. C'est vrai, et ce n'est pas tout à fait juste à la fois : les gamins semblent vraiment heureux de se sentir des racines, de voir une équipe de profs travaillant en étroite collaboration avec leurs parents, et de vivre des rituels qui marquent les différentes étapes de leur adolescence. Si j'ai des enfants un jour, je serai contente qu'ils grandissent dans cette atmosphère-là.  

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