jeudi, mars 10, 2016

From Californie, with love (part II)

II.

Alors que je termine ma troisième semaine d'expatriée oisive, je commence à prendre un rythme, à comprendre qu'il est possible de s'accorder cinq mois de repos et de plaisir sans culpabiliser, sans ressentir l'angoisse de l'agenda vide. Lire, écrire, retrouver la joie de cuisiner longuement un plat pour des gens qu'on aime. Laisser échapper des petits cris ravis en apercevant une maman loutre avec son bébé, ce qui me signale clairement comme touriste devant les locaux totalement blasés.

Mon amour renouvelé pour la cuisine est aussi une nécessité pratique. Il est tellement facile ici d'accumuler les calories ! Le moindre chocolat chaud vous est servi en 50cl, avec crème chantilly, copeaux de chocolat noir, et la dose recommandée de sucre pour 24H. Chaque salade, chaque poisson, chaque steak (que mes voisins de table consomment, pas moi) est recouvert d'une sauce épaisse. Grillé, sauté, poché : sans exhausteur de goût, c'est considéré comme fade. Les produits transformés sont partout, chips, pizzas, tacos, taquillas, burritos, fajitas, sodas à volonté, et vos colocataires s'étonnent que vous prépariez vous-même vos repas tous les jours. 

Je ne parle même pas du sandwich américain typique : une couche de beurre de cacahuètes, une couche de confiture, et on referme le pain. Du gras, du sucre, à peu près zéro vitamine ou nutriment. Je me fais silencieusement la promesse que mes futurs enfants n'auront jamais le même lunch que leurs camarades. Fun fact : je me suis amusée à calculer mon poids en livres, et ma taille en pieds. 130 livres pour 5,5 pieds. De quoi se motiver pour aller à la salle de sport tous les deux jours.

Autre mini-choc culturel : la Trivia night. Cela se passe au pub du coin, tous les mercredis : une vingtaine d'équipes, amis ou famille, se réunissent pour répondre à 31 questions de culture générale. Les vainqueurs gagnent une tournée. En France, j'étais championne à ce jeu-là. Littérature, histoire, géographie, politique, et même culture pop, j'enchaînais les bonnes réponses. Hier soir, je n'ai pu que regarder mes coéquipiers américains souffler « facile » en répondant à des questions sur le président des USA qui a aussi été chef de la CIA, sur l'auteur de l'hymne américain ou les mots qui terminent Gatsby le magnifique

C'est là que je réalise de plein fouet cette évidence: la culture, c'est éminemment relatif. Ma culture générale, si solide soit-elle, ne vaut pas grand-chose hors de France, où personne ne connaît Flaubert, Lucie Aubrac ou Jean Jaurès. Les rares questions auxquelles je peux répondre, tout le monde peut y répondre. Ma contribution personnelle se sera limitée à donner le nom du singe chapardeur dans le dessin animé Aladdin. Tu parles d'une gloire. Dès demain, c'est promis, j'écume internet à la recherche de L'Histoire américaine pour les nuls. Il faut bien commencer quelque part.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bush père, facile effectivement ;-)

Nina a dit…

Cher anonyme (mais qui es-tu donc?), sache que je me réjouis de voir que tu n'aurais pas les mêmes problèmes d'ego piétiné que moi.