Soucieuse d'effacer l'exemple peu glorieux de la non-lecture de la lettre de Guy Môquet, j'ai ce matin entrepris d'expliquer posément à mes élèves pourquoi je vais faire grève demain.
MOI -Tout d'abord, en ces temps où on parle beaucoup de pouvoir d'achat (hochements de tête dans l'assistance), sachez que celui des fonctionnaires, et des profs en particulier, ne cesse de dégringoler depuis trente ans. Depuis l'an 2000, nous avons déjà perdu 7%.
NATHALIE-Vous avez raison Madame !
JESSICA- Ouais ! Révolution !
MOI-Ensuite, nous protestons contre les suppressions de poste ; rien que sur notre académie, 637 postes de profs en collège et lycée seront supprimés à la rentrée prochaine. Vous êtes déjà trente par classe, et c'est beaucoup ("Ha oui!" dans l'assistance). Si on arrive à 35, voire 40, moi je ne sais pas comment je fais pour avoir toute l'attention nécessaire pour aider les élèves en difficulté.
DESIREE-Et puis Madame, ça vous fait travailler plus, vous ?
MOI-Oui, en quelque sorte, avec les corrections, les conseils de classe et les réunions avec les parents. Et ce sera plus difficile du point de vue des conditions d'enseignement aussi.
DESIREE-(Toute contente de sa formule) Alors c'est travailler plus pour gagner moins !
Qui a dit qu'il fallait désespérer des jeunes du 9-3 ?