jeudi, juillet 13, 2017

Touriste dans son propre pays

Depuis deux semaines, je ne suis plus texane, mais à nouveau française. Une sorte d'expatriée, mais repatriée  jusqu'à la rentrée des classes. Et figurez-vous qu'il y a pas mal de choses qui me frappent. Tout d'abord : mais qu'est-ce que tout est petit et serré, à Paris ! Forcément, au Texas, avec la moitié moins d'habitants que la France, pour une superficie supérieure de 50 000km2, on est moins gênés par la foule. Les restos me semblent exigus, les clients d'à côté sont presque à portée de coude, et le volume sonore monte extrêmement vite. Oui, et les serveurs m'apparaissent super désagréables, aussi. Ca, c'était prévisible.
Ensuite, qu'est-ce que c'est beau, la France ! Je suis émerveillée par la moindre balade à pied dans Paris. Dans ma ville américaine conçue pour les bagnoles, on ne marche pas, ça n'a aucun intérêt, et de toutes façons le paysage n'est pas beau. Ici les vieilles pierres, les bords de Seine, les plages bretonnes, les maisons médiévales de Vannes, tout me semble avoir un cachet fou. Même les fringues m'enchantent par leur charme - moi qui ai toujours haï le shopping. Les Parisiens tellement stylés me font presque honte : j'ai pris de mauvaise habitudes au pays du jean et du tee-shirt informe.
Et puis, en vrac : les odeurs sont différentes (viande grillée ou frites à toute heure vs relents de pisse du métro), la bouffe presque aussi calorique (enchiladas Tex-Mex vs camembert rôti au miel) mais aux goûts plus subtils ici, ah encore des serveurs prétentieux, tiens les gens te laissent la priorité quand tu as la priorité... 
Mais le plus marquant, c'est que tout ici m'est plus facile. Je suis malade ? Je sais comment prendre rendez-vous chez le médecin, payer un prix fixe, me faire faire une lettre pour un spécialiste si besoin, demander conseil au pharmacien. Je veux parler avec ma banque ? Je connais les services, les taux, ce qui est garanti et ce qui ne l'est pas. Même le vocabulaire à utiliser chez le coiffeur m'est cent fois plus aisé qu'aux States, et pourtant je n'échange pas plus de quinze mots avec la personne qui s'occupe de mes cheveux. 
C'est un peu ça, l'essence de la vie d'expat : au-delà de la langue, qu'on maîtrise plus ou moins, le sentiment d'étrangéité, c'est surtout ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Tout est apprentissage, tout est effort et occasion de faire (encore) une boulette. C'est fatigant, mais ça ouvre l'esprit en grand. 

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