Ce message sera dédié à ma Griet, que j'ai salement négligée ces dernières semaines, et dont je viens de recevoir une lettre qui m'a touchée jusqu'aux larmes. Bon, je suis du genre émotif, ce n'est pas un secret, mais c'était vraiment de jolis mots. A mon tour de t'en envoyer quelques-uns.
Je voudrais te raconter Mombasa, ma tranche d'Afrique en solo. Mon arrivée éberluée dans les 30° de l'aéroport, comment je me suis fait gentiment arnaquer par le chauffeur de taxi qui m'a emmenée en ville, et la chambre miteuse dans laquelle j'ai dormi. D'abord, y'avait aucun touriste. Ensuite, les moustiquaires sur les fenêtres fermaient mal, et les nombreuses coupures d'électricité empêchaient le ventilateur de fonctionner. Plus gênant, la propreté du lit était douteuse. Mais on peut pas dire que j'aie passé des nuits dans des endroits beaucoup plus pourris en Tunisie ou à Prague. Et puis, what the hell, personne n'est jamais mort de contact avec des draps sales.
Je voudrais aussi te dire la vieille ville, ses encombrements et ses senteurs, la pauvreté qui affleure, la distance à laquelle on repère les touristes et les femmes seules. S'il est assez simple de comprendre ce que veulent ces gamins à la main tendue, pour les hommes en revanche c'est plus difficile : en veulent-ils à mon fric, ma nationalité (trois propositions de mariage en trois jours) ou plus prosaïquement à mes fesses ? Peut-être bien les trois, d'ailleurs.
Je voudrais enfin te parler du village de Bombolulu, où vivait John, mon guide du jour. Des volailles et des chèvres qui vivent au milieu des gens, des rigoles d'évacuation sur la terre sèche. Du regard dédaigneux des femmes sur mon passage, de la curiosité des enfants qui me suivaient en chantant "Hi ! How are you ?" à tue-tête. Quand je passe entre les habitations une main se tend même pour toucher mes cheveux raides de Blanche. Avant de partir, je photographie une petite fille en robe de princesse maculée de terre. La gamine me tourne le dos, seule sa tête pivote pour me jeter un coup d'oeil timide. Son expression est incroyable, prise entre la gêne à mon égard et la fierté d'être distinguée parmi ses copines. La photo est ratée, pas assez de lumière, mais cet instantané survivra longtemps dans le fond de ma tête, ça je le sais.
Voilà, ma chère Griet, ce que je ne t'ai que peu écrit dans cette lettre que je te posterai demain, parce que j'étais empêtrée dans d'autres affaires plus futiles. Mais tout au long de mon saut en parachute africain, je savais que tu étais là, quelque part, et ça m'a fait du bien.
3 commentaires:
Ma très chère Nina/Tanneke, je savais que tu avais un peu besoin de reprendre pieds avec le sol français et ses réalités, alors, non, je ne me sentais pas négligée : je savais que tu avais besoin d'un peu de temps.
Et aujourd'hui, toi aussi tu m'émeus. D'abord, parce que ta dédicace me fait fondre. Ensuite, je ne pensais pas un jour apprécier d'être comparée à un parachute, mais sincèrement, j'ai adoré être ce parachute!
J'attend désormais ta lettre avec impatience, très sincèrement,
Griet
Que d'amabilités respectives ! Ca dégouline bien un peu, mais ça nous fait tellement plaisir...
Tu me rassures, une minute, j'ai cru qu'on était devenu des "filles"! (pétries de bons sentiments, dormant avec des doudous, et philanthropes en plus!)
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